Interview – Holy Two

Cette année c’est au MaMA Festival & Convention, nous avons eu la chance de retrouver Elodie et Hadrien du groupe Holy Two, afin de faire le point sur leur évolution depuis notre précédente rencontre, 3 ans auparavant. Notamment avec la sortie de leur premier album « Invisible Matters ».

Si vous vous en souvenez, on vous a déjà interviewés il y’a 3 ans, au festival Pantiero à Cannes en 2015, c’est une belle occasion pour nous de faire un point sur votre évolution depuis 3 ans.

Hadrien : Ah mais oui, énorme, je me souviens ! Effectivement ca a beaucoup bougé depuis. C’est drôle parce que c’est vrai que c’était un super souvenir pour nous, enfin cette date là c’était une super expérience, on était avec The DØ !

Elodie : En fait, on est super fans de The DØ, on était vraiment beaucoup trop contents de pouvoir jouer avec eux.

Hadrien : Puis on a passé la soirée avec eux après aussi !

Elodie : On est allés à la plage ensemble après puisque le festival était à Cannes, sur les plages le long de la mer…

Hadrien : Ou plutôt sur les toits du festival de Cannes, près de la mer. Et du coup oui, ca a beaucoup évolué pour nous depuis, on est super ravis de pouvoir jouer ici au MaMA Festival ce soir pour les quatre ans de notre label (ndlr : « Cold Fame ») donc, c’est une belle soirée qui s’annonce. Il a l’air bien rempli le Carmen (ndlr : salle de concert où s’est produit le duo au festival MaMA) donc on est bien contents. On a vu la file d’attente jusque dehors on espère que ça va être énorme.

Depuis la dernière fois, vous avez sorti, après 3 EP, votre premier album. J’imagine que ça a dû être important pour vous? L’avez-vous vécu comme une vraie prise de risque malgré les nombreux titres déjà parus ?

 Elodie : Ca faisait très très longtemps qu’on en parlait, on devait le sortir même bien avant en fait, et au début on était tellement excités de le faire qu’on s’est dit « il faut absolument qu’on le sorte vite etc.. » mais plus le temps passait, plus on se disait qu’en fait on ne serait jamais prêts.

Vous aviez une échéance ?

Elodie : On avait plus ou moins une échéance disons, parce qu’on avait de la promotion qui était programmée et par la suite on s’est dit que c’était débile, on avait 4 titres qui étaient hyper bien faits et le reste, pas du tout autant travaillé qu’on aurait voulu.. Du coup c’est la qu’on a sorti un EP, on a retardé un peu la sortie de l’album et au moins on a pu faire tout ce qu’on voulait. Maintenant on est hyper fiers.

Hadrien : C’est l’avantage justement de bosser avec Cold Fame, ils sont vraiment flexibles sur les échéances et même au début quand on a commencé à travailler avec eux, sachant qu’on était en école d’architecture, ils nous arrangeaient toujours pour caler nos dates de concerts au bon moment. Et là, le fait qu’on ait nous eu besoin de plus de temps pour finaliser l’album et vraiment l’emmener là où on voulait, ils nous ont dit « ok pas de problèmes, on vous laisse le temps qu’il faudra » et pour ça ils ont été cools.

Et comme tu dis, c’est une prise de risque sous beaucoup d’angles. C’est le premier album donc on se met un peu une pression, et surtout l’enjeu est gros : l’idée c’était de créer quelque chose qui soit très personnel et qu’on ait envie de défendre pendant très longtemps. C’est pour ca qu’on a pris beaucoup de risques sur cet album là et on est très fiers.

Elodie : Puis surtout, depuis que l’on a commencé la musique on voulait vraiment ne pas s’enfermer dans un style. On savait bien que sur cet album là on serait vraiment attendus. On avait pas forcément envie de faire ce que tout le monde attendait de nous on s’est fait hyper plaisir et c’était vraiment l’aboutissement de deux années de travail où on a essayer d’écouter des sons vraiment différents, on voulait pas faire de tri parce que ca nous représentait bien sur ces deux dernières années-là.

Avez-vous un titre préféré parmi ces titres ? si oui, lequel et pourquoi ?

 Hadrien et Elodie : Euh oui… *rires*

Elodie : C’est marrant parce qu’on en a parlé tout à l’heure mais c’est vrai qu’il y a un titre je pense qui est très fort pour nous deux, et qui va un peu plus vers ce que l’on voudrait faire à l’avenir. C’est « Misunderstood », le morceau qui est un peu le plus urbain et le plus rock. Il correspond à un espèce de mélange de toutes nos influences, de tout ce qu’on aime.

Hadrien : Exactement. Et même en live c’est un morceau qu’on adore jouer, on l’amène encore ailleurs, encore plus loin.

Elodie : Et à la fois il est tellement dans une énergie qui est tellement spéciale, dans un univers qui lui-même est tellement spécial, qu’il est assez facile à interpréter, ça nous permet de rentrer vraiment dans des personnages et c’est assez agréable d’avoir une séparation entre ce que tu es dans la vie et ce que tu es ou ce que tu peux être sur scène.

Hadrien : Et après, y’a un morceau, « Chaos », aussi qu’on aime beaucoup. On le joue en live depuis moins longtemps par contre.

Elodie : Moi j’aime beaucoup « Festin », c’est un morceau qui est très très personnel.

Justement, le choix de titres en anglais puis en français est-il de toucher différents publics ?

Elodie : Non pas du tout. A la base on ne voulait pas du tout écrire en français.

Est-ce que c’est pus difficile d’écrire en français ? Faut-il être « plus exigeant » ?

Elodie : Alors oui, c’est certainement plus difficile, et aussi, moi personnellement, je suis hyper exigeante avec la langue français. J’ai du mal à écouter de la musique française. J’ai grandi avec de la musique anglophone et on s’était dit qu’on n’écrirait pas un morceau en français s’il n’a pas un message hyper précis, hyper clair et hyper percutant. Enfin hyper clair pour nous en tout cas.

« Festin » est né de cette volonté de dire quelque chose, qui ne soit peut être pas adressé à tout le monde, certainement pas d’ailleurs, il ne s’adresse pas à tout le monde, mais qui soit en tout cas d’une évidence telle que en anglais ca n’aurait pas marché de la même façon.

Hadrien : Après c’est vrai que le fait d’écrire en anglais ou en français c’était pas tant une volonté ou une stratégie, pour dire on avait même écrit en espagnol «  La Tal ». Et du coup pour nous ca faisait parti de tout ce processus de variété. De ne pas se donner de barrières et juste de se laisser guider par ce qu’on avait envie de faire.

  « Orage » est le deuxième texte en français, et une référence un peu au Paris Littéraire des artistes et le titre «  All My Friends » est un peu plus rock, le titre s’inscrit presque dans un univers à la Bonnie and Clyde, on sent un peu l’influence de Gainsbourg dans ce genre de texte, je me trompe ?

 Elodie : Oh j’adore Gainsbourg, mais de là à dire que c’est une inspiration je n’en sais rien parce que de toute façon y’a énormément de références, et j’écoute très peu de chansons françaises. Mais c’est vrai que Gainsbourg fait partir des rares artistes que t’es un peu obligé d’écouter parce que c’est d’une beauté sans nom.

Hadrien : C’est vrai que dans ce morceau Orage, y’a un truc, de part sa musicalité mais aussi par le texte. C’est un peu un hommage à cette langue française, à cette histoire de la chanson française .

Elodie : Mais c’est avant tout un message personnel encore une fois et pas tant dans le but de souligner une référence à tel artiste ou telle œuvre.

 Petite question personnelle si vous me permettez : Vous avez tous deux fini vos études d’architecture à Lyon, est-ce que vous exercez un peu en temps qu’architectes ou est-ce que vous vivez pleinement de votre musique ?

 Elodie : Oui exactement on a fini, moi ca fait tout juste un an que je suis diplômée. Hadrien deux ans. Et non, cela fait un an que l’on ne vit que de la musique.

 J’imagine que maintenant avec la tournée et les dates qui s’enchainent c’est un rythme de vie plus intense.

 Hadrien : Oui ce serait carrément compliqué de faire de l’architecture à côté.

 Elodie : Même légalement parlant c’est compliqué. De toute façon, quand on a commencé l’architecture, on se disait que la musique c’était cool, c’était un petit passe-temps, en deuxième année. En troisième année on se disait plutôt que la musique c’était quand même bien chouette, là on commençait à en faire vraiment. En quatrième année c’est devenu plus sérieux, puis en cinquième année on hésitait même à arrêter l’architecture et on s’est dit que non il nous restait un an. Mais quand on a diplômé on s’est dit que la musique était une évidence.

On s’éclate, on nous permet de vivre de notre musique, de faire pleins de concerts avec cette tournée.

Là, on revient du Japon, de la Corée du Sud, du Canada, c’était incroyable.

 Ce sont des pays aux cultures musicales assez différentes, je pense à la Corée avec la K-pop par exemple, est-ce que vous connaissez ? C’ets un genre qui vous inspire ou qui vous touche ?

Hadrien : Alors pas directement, on a pas vraiment rencontré ou vus des groupes de K-pop ou des choses comme ca mais c’était assez drôle justement, surtout au niveau du public, où on les voit très respectueux.

Elodie : C’est un public qui attend que tu lui donnes des indices, il est dans l’attente en fait, il te regarde comme ça, il est hyper passif et puis d’un coup tu lui donnes quelque chose et là, il va applaudir et être à fond. Genre « vas-y, lève-toi, sautes » et il va vraiment tout faire !

Hadrien : Vraiment toujours dans ce respect-là de ce que tu attends de lui en quelque sorte. Et cette culture un peu K-pop, c’est assez drôle finalement de voir les disproportions que ça prend, ça peut toucher pleins de gens, mais ca se comprend en fait quand on voit le public et à quel point il peut être attaché à ses artistes.

Même nous, en sortie de scène, les gens du public venaient vers nous mais ils étaient très timides, très respectueux, puis très impressionnés alors que nous on est « rien », enfin pour eux c’était « waouh ». Ils attachent beaucoup d’importance justement à ça.

Elodie : Je pense qu’ils ont une culture du culte, ils attachent beaucoup d’importance à des personnalités, comme si c’était quelque chose de très important, alors que chez nous en France, tu peux croiser des artistes assez facilement et puis voila y’a moins de distance franche.

Hadrien : C’était vraiment intéressant en tout cas comme expérience .

Le MaMA festival est votre seule date à Paris jusque maintenant, qu’est-ce que vous pensez de ce festival ?

Elodie : On était déjà venus en tant que festivaliers. Et du coup c’est la première fois en tant qu’artiste.

Le Carmen, vous connaissiez la salle ?

Hadrien : Moi je n’y étais jamais allé non.

Elodie : J’avais déjà été au Carmen pour assister à un concert, et j’avais été agréablement surprise de voir qu’ils avaient quand même installé une scène etc.. quand j’étais venue c’était vraiment plus en mode « showcase ». La salle est ultra-belle.

Hadrien : Oui la salle est vraiment belle, on a trop hâte de jouer.

Les prochaines dates sont encore à annoncer, pouvez vous nous spoiler un peu ?

Hadrien : En gros, il nous reste deux dates en France pour cette fin d’année. Ensuite on retourne 4 dates au Canada et enfin on reviendra en France pour une date en avril, mais on ne peut pas encore en dire trop.. Rien n’est encore annoncé !


 Propos recueillis par Elise Landry

 

 

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