Interview – Martin Mey

Dans le cadre du festival Crossover le 19 Juin 2015 à Nice, nous avons eu l’occasion de rencontrer Martin Mey, un artiste multi-fonctions, qui depuis ses débuts mélange les genres avec brio, en restant toujours mélancolique. Il est auteur-compositeur, chanteur, pianiste, guitariste et est également un amoureux du scotch.

Entre deux baignades, il nous a accordé quelques minutes. On a donc pu lui poser quelques questions au soleil sur la plage. (Plutôt sympa non?)

On se munit alors de ses lunettes de soleil et c’est parti !

Pour commencer est-ce que tu peux te présenter ?

Alors , je m’appelle Martin … Martin Mey, je fais de la musique depuis très longtemps, depuis que je suis petit … Enfin j’ai appris la musique en autodidacte. Je jouais du piano d’abord, de la guitare ensuite et je me suis mis à chanter quand j’ai fait mes premières expériences de groupe. C’était quand j’avais à peu près 20 ans et que je faisais des études qui n’avaient rien à voir. Quand je me suis lancé dans mon premier groupe, je me suis dit qu’il fallait que je fasse ça plus intensivement parce que je pouvais plus trop m’en passer. Donc je me suis lancé dans mon projet solo en 2008. C’est à ce moment là que j’ai fait mes premières maquettes et premiers concerts. Du coup, j’ai un projet solo qui progresse depuis et d’ailleurs, maintenant je ne suis plus en solo sur scène. Et ce soir on joue donc ici, au HI Beach à Nice dans le cadre de la tournée de l’album.

Chez quels artistes ou groupes as-tu trouvé tes influences pour ta musique ?

C’est assez classique, mais il y en a vraiment beaucoup et dans des styles assez variés. Même si j’ai quand même une préférence pour tout ce qui est à base de Folk, de Soul, de musique afro-américaine et de musique afro aussi. Donc j’ai des influences qui sont à la fois très folk, classiques, Rock, ou Pop etc. J’ai par exemple comme influences des groupes comme Radiohead, qui eux-mêmes ont un mélange d’autres influences. Mais j’écoute autant du Nina Simone, du Negro Spiritual, que ces autres genres de musique. Et puis récemment je me suis mis un peu à l’Électro. C’est très varié.

Et est-ce que c’est comme ça que tu définis ta musique? Parce que très souvent dans les magasines ou les sites spécialisés sur la musique, on essaie de définir la musique d’un artiste ; mais toi-même, comment définirais-tu justement ta musique ?

J’ai beaucoup de mal à la définir et la faire rentrer dans une ou deux cases, mais justement plus ça va, plus je me dis que je suis avant tout quelqu’un qui écrit des chansons. Je suis vraiment plus un song-writer qu’un musicien qui fait un certain style de musique. Donc j’écris des chansons, et ces chansons sont interprétées et arrangées dans un style entre la soul, la folk et la pop-elctronica.

Ça en fait des choses ! Du coup est-ce que tu as vu une certaine évolution entre tes EPs et ton dernier album « Taking Off » ?

Oui bien sûr ! C’est un peu difficile à expliquer, mais il y a eu une grosse évolution. Si je ne compte pas mes premières maquettes, cet album-là, c’est mon quatrième disque. Sur ces disques, à chaque fois il y a eu des évolutions très fortes, mais je pense qu’on reconnaît les chansons que j’écris. Je me reconnais toujours dedans. Il y a une ou deux chansons que j’avais déjà enregistrées sur mon premier disque et qui se retrouvent encore sur cet album là mais dans une version totalement différente. Ça montre justement l’évolution qu’il y a eu dans la musique. Au départ c’était très introspectif, vraiment mélancolique, très  « Down Tempo » et puis après c’est passé par le trip-hop. Il y a eu une phase plus acoustique et maintenant, c’est plutôt entre les deux. Je pense que ça s’enrichit à chaque fois.

Tu nous parlais de ton évolution, mais comment tu définis l’ambiance qu’on retrouve sur ce dernier album ?

C’est plus étoffé en termes d’arrangements. Au niveau de l’ambiance ce qui a changé, c’est qu’avant c’était plus minimal et je pense plus mélancolique. La mélancolie est toujours dans toute la musique que je fais parce que justement ce sont des chansons très personnelles. Il s’agit que de textes et sujets personnels. Elles sont dominées par la mélancolie. Mais ce qui a changé c’est que plus ça va, plus j’ai d’instruments qui rentrent dans les arrangements, et plus j’essaie d’aller vers un coté plus lumineux et plus enjoué, moins sombre. On va vers quelque chose de plus dynamique, plus puissant. C’est de moins en moins retenu.

J’ai remarqué que sur tes morceaux instrumentaux de l’album (Lost in tape #1 et Lost in Tape #2) en particulier sur le deuxième, il y a un coté Erik Satie ou parfois Chopin. Ce sont d’autres inspirations ?

Oui. Ce sont de très bonnes références et influences. Je le cite pas forcement quand tu me demandes des influences parce que j’en ai vraiment beaucoup. Je considère ces morceaux comme des interludes dans l’album, comme des variations sur de petits morceaux. Ils sont typiquement des variations qui ressemblent à du Satie et à du Chopin. En effet ça fait aussi partie de mes influences classiques, romantiques, contemporaines. Voilà, c’est très Satie. Pour ce qui est des compositeurs contemporains-modernes qui font un peu tout et notamment du piano il y a aussi Chilly Gonzales qui fait des albums très électro, limite Hip-Hop Electro et qui joue également du piano solo magnifiquement bien. J’admire beaucoup ce qu’il fait, c’est un musicien qui a beaucoup de talent et de technique, pas comme moi (il rit). Voilà, ça fait aussi partie de mes influences que je peux avoir. J’aime bien jouer du piano, je pense que c’est intéressant et que ça donne du relief.

Pour parler un peu de ton clip « One Time Too Many », il t’a permis d’être remarqué par l’Oeil de Links (Canal +). Est-ce que tu pourrais revenir sur son histoire ?

Et bien justement, c’est vrai que l’Oeil de Links en avait parlé parce qu’ils nous avaient vus à l’oeuvre quand on l’a fait. C’était dans le cadre d’un festival de courts-métrages qui s’appelle Off Courts  à Trouville en Normandie. Ils y invitent aussi des musiciens pour y faire des concerts et invitent aussi des artistes de différentes disciplines. Donc en échange d’un concert, on nous mettait à disposition un réalisateur pour faire un clip pendant la semaine du festival. Du coup, on avait les avantages d’avoir du matériel et des gens compétents sous la main, mais également la contrainte de faire un clip en une semaine. On a travaillé à fond pendant une semaine ! Ça m’intéressait de développer mon amour pour le scotch !

Oui ça on a pu le voir ! (rire)

Oui, il y a un grand truc avec le scotch (il rit). En fait c’est du Tape Art : c’est quand on fait des choses plus ou moins abstraites visuellement, à partir du scotch, sur les murs, sur le sol, sur tout ce que tu veux. Et donc j’avais commencé à travailler là-dessus pour mes visuels de pochettes de disques. Je me disais donc que faire un clip en stop motion comme on a fait, c’était l’occasion de faire vivre le scotch. J’ai donc fait appel à un réalisateur spécialiste en stop motion, et à un collectif allemand de tape artists ; Tape Over. Je les ai invités à Trouville pour travailler sur la scénographie de mon live, sur deux trois autres projets. Au final, on a passé une semaine de dingue à découper et mettre du scotch partout, pour donner le clip comme résultat. On ne se rend pas forcément compte du travail qu’il y a derrière.

Oui, une des premières choses que je me suis dite en regardant le clip, c’est qu’il devait y avoir un budget scotch incroyable !

Ah oui ! C’est vrai que c’était un certain investissement !

Et pour l’anecdote, environ combien de rouleaux de scotch avez-vous dû dérouler?

Et bien en fait je ne sais pas (il rit). J’aurais dû faire l’inventaire. Mais il y avait quand même beaucoup de rouleaux. Pour te dire, il y avait deux valises remplies de scotch. Je ne sais pas combien il y en avait, des centaines et des centaines, des kilomètres de scotch ! Mais surtout, ce dont on ne se rend pas forcément compte c’est qu’on a passé cinq nuits blanches d’affilées à coller du scotch dans la rue, puis à le prendre en photo. C’était vraiment un travail colossal. Étant donné qu’on travaillait dans le cadre du festival, on était bien encadré. On a fait ça la nuit pour ne pas être embêtés parce qu’on était quand même au milieu de la rue, sur les trottoirs, sur les murs des maisons etc. C’était une expérience très, très intense.

Sinon depuis combien de temps es-tu en tournée ?

On a commencé la tournée avec le premier live le 19 décembre 2014 au Cabaret Aléatoire à Marseille. Ça se passe très bien, on est très contents. On a beaucoup travaillé pour ce live, on a eu la chance de passer du temps en résidences pour bien travailler. On a un musicien en plus sur scène, parce que je travaillais depuis 3 ans avec Laurent qui est à la batterie, et là j’avais envie de pouvoir jouer sur scène en ayant un bassiste/ clavier (Hugo) supplémentaire. Le fait de passer à trois sur scène a changé beaucoup de choses, ça a fait qu’on a un live que j’aime beaucoup. Enfin, je dis ça parce que ça n’a pas toujours été le cas, dans le sens où c’est difficile d’être content de ce qu’on fait sur scène. La scène ça m’a toujours éclaté, c’est mon truc, ça me plait et ça me plait de présenter mes morceaux aux gens et d’en avoir des retours. Évidemment il peut y avoir des choses qui peuvent être à améliorer et je ne dis pas que c’est le meilleur live du monde, mais ce que je joue, je suis content de le jouer, d’entendre ce qui se passe autour de moi et du coup il se trouve que ça plait bien aux gens. On a fait de belles dates, notamment le Printemps de Bourges cette année et on a aussi participé au festival des Inrocks. Donc j’espère que ce sont des choses qui nous arrivent parce qu’on fait un joli live et une jolie tournée.

Et dans toute cette tournée est-ce que tu as un souvenir marquant, quelque chose que tu retiens vraiment ?

Il se passe tellement de choses … un souvenir marquant sur cette tournée ? (pause) … Il se trouve que j’ai eu un premier enfant au mois d’avril … bon c’est assez personnel mais c’est sympa comme anecdote : Evidemment le bébé est arrivé pendant la tournée, j’ai donc dû annuler un concert parce que c’était le jour de la naissance de ma fille et deux jours après, j’ai fait le concert prévu à Marseille au Cabaret Aléatoire. Autant dire que j’étais pas très frais ! Mais, d’un autre coté j’étais complètement libéré et complètement détendu. Du coup, le concert était très Rock’n Roll. Il y avait une super ambiance! Je trouvais que c’était un très bon moment parce qu’on voit qu’il y a de plus en plus de gens qui nous suivent à Marseille, et donc les gens sont contents de nous voir sur scène. De notre coté on s’est éclaté et j’ai eu l’impression de faire n’importe quoi pendant le concert, mais les gens se sont éclatés. C’était une belle expérience.

Et bien félicitations ! Pour terminer qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite ?

C’est une bonne question. Ce que j’aime, c’est partager ma musique avec les gens. Donc, ce qu’on peut me souhaiter c’est de continuer à faire beaucoup de belles dates aussi différentes que celles-ci. On passe par des cadres différents, avec des publics différents et je trouve que c’est ça qui est intéressant. Par la suite, continuer à avoir de l’inspiration pour les prochaines chansons et expérience de disque, et aussi avoir de nouvelles collaborations. J’espère continuer de faire de belles rencontres pour que ma musique puisse encore évoluer et devenir plus riche.

Direction son nouvel album à découvrir

One Time Too Many – Le clip 100% Tape Art 


Propos recueillis  par Pauline Campana

 

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