Interview – Charlotte de Witte

Le Samedi 10 Juin, lors du Festival Crossover 2017 à Nice, j’ai eu la chance de pouvoir discuter avec Charlotte de Witte, l’étoile montante de la techno belge. Malgré une journée des plus chargées pour la DJ/productrice de 24 ans, elle s’est montrée très disponible et a répondu à mes questions avec tout l’enthousiasme et l’énergie qu’on lui connait sur scène.

Tu étais à Londres en début d’après-midi pour le Junction 2 Festival et ce soir tu as remis ça à Nice. Quelle journée ! Ça t’arrive souvent d’avoir un programme aussi chargé ?

Ça n’arrive pas si souvent que je participe à deux événements dans la même journée. C’est le cas surtout en Eté. Par contre je crois que c’est la première fois que je fais 2 shows dans la même journée dans 2 pays différents, avec un trajet en avion entre les deux ! Pour couronner le tout, hier j’ai joué au  Magazine Club à Lille jusqu’à très tard donc je n’ai dormi que 2 heures. Donc, oui, c’était une journée vraiment très intense et là je suis un peu épuisée mais je le vis bien car je fais ce que j’aime ! Vivre à ce rythme c’est vraiment génial quand tu es jeune et que tu peux encore te le permettre.

C’est un petit peu la rançon du succès… Et du coup quel est ton secret pour garder autant d’énergie en set ?

Dormir dès que tu peux, c’est le secret ! (rires) Aujourd’hui j’ai dormi dans le taxi, dans l’avion. Ça permet de rattraper quelques heures de sommeil. Tu dois aussi limiter les excès, faire attention à ce que tu bois et à ce que tu manges !

Pour être DJ, il faut donc être « healthy » ?

Oui tu dois essayer de prendre soin de toi au maximum !

En parlant de Londres à nouveau, tu y as joué seulement une semaine après les attaques terroristes à London Bridge et Borough Market. Qu’est ce que tu as ressenti là-bas ? Y’avait-il un parfum particulier dans la foule ?

Non pas vraiment, tout s’est passé normalement. Les gens étaient au rendez-vous et ont profité pleinement du moment. Je pense qu’on s’est tous habitués au fait que ce genre d’événement tragique pouvait arriver n’importe où et n’importe quand. L’année dernière j’ai joué en Turquie et là-bas les attentats font presque parti du quotidien pourtant les gens continuent de faire la fête. Je suis heureuse d’arriver à faire passer de bons moments à ces personnes qui connaissent la misère et la violence!

Si on parle de ta carrière à présent. Tsugi t’a qualifié de révélation de l’année 2017, ton dernier live set avec le Studio Brussel retransmis sur Facebook a été suivi par plus de 200 000 personnes, comment tu vis cette ascension fulgurante cette année ?

C’est difficile à dire sur le moment. Je suis juste heureuse d’arriver à faire ce que j’aime et à le faire aimer à un large public. Cette année a été une belle confirmation, et je me sens plus que jamais soutenue donc ça me donne des ailes.

 

C’est vrai qu’on peut parler d’une confirmation plus que d’une révélation car malgré ton jeune âge, ça fait déjà 7 ans que tu mixes. En prenant du recul, est-ce que tu arrives à voir quels ont été les moments clés qui t’ont propulsé sur le devant de la scène ?

Il y en a eu deux selon moi. En 2011 j’ai remporté le Tomorrowland DJ contest organisé par Studio Brussel et Poppunt. Ca a été un vrai tremplin car ça m’a permis de jouer sur la grande scène de Tomorrowland et en même temps de devenir DJ résidente à Studio Brussel. Ensuite, un autre moment clé a été la sortie de mon premier EP Weltschmerz sous le label Turbo Recordings.

En 7 ans de carrière internationale tu as du vivre de beaux moments. Est-ce que tu peux nous partager quelques-uns de tes meilleurs souvenirs ?

J’ai tellement de beaux souvenirs ! C’est difficile de choisir mais je vais essayer ! D’abord, je dirais que j’ai adoré joué à New York pour la première fois. C’était au petit matin, dans un after club à Brooklyn. L’ambiance était folle, et en plus j’ai eu la chance de voir un lever de soleil sur New York car je faisais mon set en extérieur. Je garde aussi un excellent souvenir de mon voyage en Afrique du Sud où j’ai joué dans un entrepôt au Cap, c’était juste incroyable comme atmosphère. Je suis tombée amoureuse de la ville ! Tout m’y a plu : la beauté des paysages, sa culture, et ses habitants. Je m’estime extrêmement chanceuse de pouvoir voyager autant avec mon métier ! Au niveau des festivals mon premier Pukklepop et mon premier I Love Techno resteront aussi gravés dans ma mémoire.

En parlant de festivals, tu as un Eté très chargé qui s’annonce, est ce qu’il y a un événement que tu attends particulièrement et pourquoi ?

Awakenings ! Je vais jouer à Awakenings pour la première fois (Ndlr : le 25 juin à Amsterdam) ! Mais il y a pleins d’autres belles choses à venir pour cet Eté, je suis par exemple sur le line up du Rock Werchter en Belgique. C’est un festival plutôt de rock à la base comme son nom l’indique et ça va être très intéressant pour moi de voir quel accueil je vais recevoir de la part du public en tant que DJ. J’appréhende un petit peu (rires). Dans tous les cas ça va être un moment unique !

J’ai vu aussi que tu étais sur le line up de l’Oasis Festival à Marrakech (ndlr : se déroulant du 14 au 17 septembre 2017), ça va être un autre grand moment pour toi aussi j’imagine ?

Oui ça promet ! En plus c’est mon agent qui l’organise. Donc je connais beaucoup de monde parmi les organisateurs et les artistes. L’emplacement est dingue et le lineup me plait beaucoup. J’envisage même d’arriver une semaine en avance là-bas pour profiter de l’événement et pourquoi pas chiller un peu avec mes amis !

Si on revient à la musique et surtout à ta production : on lit souvent dans la presse que tes productions sont « dark et oniriques ». Comment tu les définirais avec tes propres mots ?

C’est toujours difficile de mettre des mots sur une création musicale et je ne pense pas pouvoir y arriver franchement.

Tu n’as pas des intentions ou des images en tête quand tu composes en studio par exemple ?

Ca dépend de plein de choses vraiment. Je n’arrive pas toujours avec une idée en tête. C’est aussi en faisant que me vient l’inspiration. Je commence une prod’ et je vois où elle m’emmène. Niveau intention, j’essaye de produire quelque chose qui marche en club. Selon mon humeur je peux aussi avoir envie de faire des morceaux plus lents, et mélodiques.

Ok, donc en fait il n’y a pas vraiment de recette ou de structure miracle?

Non, en fait quand je suis en studio, j’essaye parfois d’avoir un exemple en tête. Quand il y a un track qui me plait vraiment et que je le joue tout le temps dans mes sets, je l’analyse et j’essaye de visualiser sa structure. Attention je ne dis pas que je le copie (rires) ! Mais ça me donne un bon exemple des structures et sonorités qui marchent en club. J’aime bien avoir des tracks de référence en tête.

En parlant de références, dans tes différents sets, tu essayes d’inclure à chaque fois de nouveaux tracks. Comment fais-tu pour dénicher continuellement de nouveaux artistes et de nouvelles productions ? Est-ce que tu fais une veille quotidienne? Si oui, quels sont tes outils ?

Il n’y pas vraiment d’outils. En fait les différents labels m’envoient quotidiennement des exclusivités de leurs artistes (ndlr : elle parle de « mails promotionnels »). Et ensuite j’utilise Beatport pour écouter un maximum de techno tout simplement. Donc ma veille je la fais en ouvrant mes mails et en utilisant Beatport.

Après ta musique, on aimerait en apprendre un peu plus sur ta personnalité avec 3 questions un peu plus légères. D’abord : tu gères toi-même ta page Facebook. Quel est le commentaire le plus drôle ou absurde auquel tu as du répondre ?

Il y en a tellement ! J’aimerais t’en donner un mais je crois que mon cerveau ne répond plus avec la fatigue (rires) ! J’essayerai de t’en envoyer à l’occasion. [ndlr : pas besoin Charlotte, on a déjà trouvé une pépite par nos propres moyens]

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On a tous nos petits plaisirs coupables musicalement. Par exemple il y a des personnes qui vont insister pour passer des musiques Disney en fin de soirée. Pour toi c’est plutôt quel genre de musique ?

Mon dieu cette question (rires) ! J’aime bien l’électro belge un peu rétro comme ce track par exemple : Carat Trax II – The Message (Veronio-Mas mix)

En le réécoutant je le trouve vraiment cool, je devrais l’inclure dans un prochain set (rires) !

Pour finir à part la musique, quelles sont tes autres passions ?

Plus jeune, je faisais pas mal de sport, de la gym, de l’équitation et du ski. Mais la musique a très vite pris le pas sur le reste. Aujourd’hui je cours parfois quand j’ai le temps.

Tu devrais aller courir sur la promenade des anglais demain!

Je crois que je devrai plutôt dormir demain mais merci du conseil ! (rires)

 

Nous tenions à remercier Charlotte de Witte et son équipe ainsi que les organisateurs du Festival Crossover : Panda Events de nous avoir donné l’opportunité de cet échange.


 Propos recueillis en anglais et traduits par Sébastien Magne

 Credits photos : Hans Huylebroeck

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