Interview – AaRON

Aux abords d’un nouvel album, le duo AaRON revient sur la scène française après une longue absence pour leur public. J’ai pu rencontrer Simon Buret et Olivier Coursier lors du festival Fiesta des Suds à Marseille !

Sur ce nouvel album We Cut The Night, on ressent un certain passif musical mais aussi on a l’impression que vous vous êtes réinventés. Comment s’est déroulé ce processus d’évolution ? 

Simon: On aime bien recommencer de zéro à chaque fois. On cherche vraiment la nouveauté parce que les albums que l’on a proposés, on les a étirés, vécus jusqu’au bout à chaque fois. C’est pour ça que l’on prend du temps entre chaque album parce que le succès peut être très enfermant. Il ne faut pas essayer de maintenir une notoriété, il vaut mieux se taire quitte à repartir de zéro et attendre d’avoir des choses à dire.

Olivier: Ce qui nous intéresse c’est vraiment d’aller vers l’inconnu, c’est plus excitant que de réitérer ce qu’on a fait avant et ça c’est notre ligne directrice.

Vous revenez après 5 ans d’absence, qu’est-ce qu’il s’est passé pendant ce temps ?

Olivier: On était en tournée pendant environ deux ans et ensuite on a eu envie de reprendre en main une autre partie de notre vie: La famille, les amis, les voyages pour pouvoir se recharger de certaines choses ! AaRON c’est génial mais ça peut prendre beaucoup de place donc on avait besoin de ça pour retrouver notre inspiration. Ensuite on a mis un an pour faire l’album.

Comment vous travaillez tous les deux ? Comment ça se passe ? 

Olivier: On rebondit beaucoup, Simon va arriver avec du texte ou une mélodie et ça va me donner une idée donc je vais repartir là-dessus et vice versa.

Simon: Je pense que quand on commence à travailler, on a déjà tout en tête. C’est assez anarchique, ça rebondit tout le temps ! On est tous les deux dans le studio, dans notre petit monde donc ça nous évite de nous mettre la pression et de penser à ce qui va se passer plus tard. C’est complètement fou ce qu’il peut nous arriver parfois donc si on commence à trop réfléchir là-dessus ça peut polluer la création. Le fait d’être deux ça protège aussi et ça permet de se pousser vers l’autre avec toute la bienveillance qu’il faut pour ne pas se juger, pour aller chercher des choses quitte à se planter, à recommencer, à ne pas avoir peur d’essayer. Musicalement on cherche un squelette musical qui va tenir en piano-voix ou guitare-voix et autour de ça on articule les muscles sonores avec ce qu’on a envie de véhiculer comme sensation. Ce qui nous interesse c’est de créer une sensation chez l’auditeur et que l’auditeur colore ce qu’il entend de sa propre expérience. C’est intéressant de laisser de la place musicalement à l’auditeur.

En parlant de sensation, vous avez fait le buzz avec le teaser de « Blouson Noir » avec John Malkovich comme acteur ; Comment s’est passée cette collaboration ? 

Olivier: On cherchait une façon differente de presenter l’album, on voulait faire comme une préface et c’était la personne parfaite ça.

Simon: Il y a cette volonté de montrer que si on change de point de vue on peut saisir la beauté des choses comme passer à coté. En général les gens sont pris dans leur quotidien et il y a parfois un positionnement différent. « Blouson Noir » est une chanson ultra urbaine qui raconte le fait de perdre ses repères. On a essayé de mélanger tout ça avec le son qui avait une volonté presque hypnotique d’attraper quelqu’un et de le saisir pleinement. C’est une métaphore du costume de l’intime que chacun porte avec soi. John incarnait très bien cette idée de préface comme quelqu’un qui amène vers un nouveau chapitre.

Vous avez joué au « Printemps de Bourges » cette année et vous avez décidé de jouer non pas sous le nom d’AaRON mais sous celui de Blouson Noir. Pourquoi ce choix de jouer anonymement ?

Simon: L’idée d’être anonyme est qu’on voulait presenter la musique avant tout, on ne voulait pas avoir le « label » AaRON. Je trouve que dans notre époque on met beaucoup de contenant avant le contenu et nous on voulait revenir par notre musique. Le plus drôle c’est qu’on a reçu des appels pour être signé en tant que groupe ! (rires)

Vous jouez ce soir au Dock des Suds, on va découvrir votre nouveau jeu scénique; Qu’est-ce qu’il y a de nouveau par rapport à l’ancien ?

Simon: Tout est un peu nouveau : les morceaux, les musiciens, les lumières…

Olivier: Même les anciens morceaux, on les interprète de manière différente, à l’image de ce que l’on est aujourd’hui. On espère que le public marseillais sera à la hauteur de sa réputation ! (rires)

Propos recueillis par Hugo Jagnoux 

 

 

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